Ces oeuvres que vous n'auriez jamais pensé apprécier...

J'aurais jamais pensé apprécier Jacques le Fataliste, de Diderot : la narrateur jouant avec les codes du roman, se jouant des attentes du lecteur, laissant la fin en suspend, comme un questionnaire à choix multiple dont on n'aurait jamais la réponse. Bref, un roman qui finit par agacer, tel Vie et Opinions de Tristram Shandy, dont l'auteur s'est inspiré... Et bien, si, j'ai aimé l'étudier en Licence et j'ai adoré écouter mon professeur de littérature du XVIIIème en parler avec passion et en faisant ressortir tout l'humour de ce texte. C'est devenu un de mes livres de chevet, et je le trouve fondamental pour étudier le genre romanesque.

J'aurais jamais pensé apprécier Gargantua, de Rabelais : langue pas toujours facile, humour scato, bref, un roman paillard... Et bien si, j'ai aimé l'étudier avec mon professeur de littérature du XVIème, étudier la parodie et la satire qui traversent le texte et j'ai même fini par aimer cet humour ras du slip : oui, parce que c'est quand même rudement bien écrit, et que Rabelais ne se prenait pas trop au sérieux !!

Et vous, quels sont ces livres que vous avez apprécié grâce à vos professeurs ?

Un amour de Swann, de Proust. Je l'avais lu, moyennement apprécié, puis en Licence, on l'a étudié en stylistique. Et là, j'ai adoré. Ceci dit, j'ai toujours du mal à lire Proust. J'ai besoin d'une préparation psychologique au préalable. Mais quand je relis un passage d'un Amour... je savoure.
En fait, j'aime étudier un extrait de Proust, mais je n'aime pas trop le lire comme un roman : ça ne se lit pas tout seul, quoi.

L'herbe, de Claude Simon; en fait, une fois le livre relu, j'ai bien aimé...et puis c'est vrai que l'étude de l'oeuvre (ici c'était en stylistique) permet d'apprécier de manière beaucoup plus profonde!

Un amour de Swann, aussi, pour l'avoir bossé en comparée.... bon j'ai jamais réussi à lire tout Proust pour autant !
Les essais, grâce à un super prof de 16è, le même dont parle Antalya, je suppose....
et puis une bonne demi-douzaine de Mircea Eliade, grâce au master....

et puis, beaucoup de bouquins passent mieux grâce à la stylistique : quand on décortique tous les rouages on peut pas s'empêcher de se dire que c'est fort, quand même....

ah oui, j'oubliais que je n'avais jamais pensé en arrivant à la fac lire du Balzac qui me faisait royalement chier avant.... bon ça m'arrive toujours avec certains bouquins, mais ça passe beaucoup mieux maintenant à cause de l'obstination de certains profs....

De la Démocratie en Amérique : j'étais partie pour le haïr, et à la fin de l'année (il était au programme de l'agreg), j'en déclamais des bouts...

Superbe idée de topic en tout cas : bravo Antalya, tu es une modo en or !

paillette phatique a écrit:

De la Démocratie en Amérique : j'étais partie pour le haïr, et à la fin de l'année (il était au programme de l'agreg), j'en déclamais des bouts...

Superbe idée de topic en tout cas : bravo Antalya, tu es une modo en or !

Ouais ben moi Proust, même avec des profs super enthousiastes et tout et tout, je ne peux pas! Je sais. C'est honteux.
Sinon, j'ai eu un très bon prof de comparé à la fac qui m'a fait aimer Le maître et Marguerite de Boulagakov. C'était pas gagné car je n'aime pas trop la littérature russe et ce type de roman! Finalement j'ai pris du plaisir et quand il nous a passé le film, c'était géant!

Et sinon, tout bêtement, j'ai ma prof de seconde qui m'a fait aimer la littérature, à moi, qui voulais être prof de maths, et qui me faisais chier comme un rat mort en cours de français! Cette prof est super, intéressante, vivante, elle anime vraiment son cours, on ne décroche pas! Si j'en suis là, à passer le capes de lettres, c'est grâce à elle.
Voilà.

Sinon, Antalya, superbe topic, je plussoie!

On parle beaucoup de Proust dans ce tipoc.

J'ai étudié Du côté de chez Swann, en licence, en stylistique et je n'ai absolument pas accroché... Je n'ai pas pu aller jusqu'au bout et ce ne sont pas les TD sur l'étude des subordonnées qui m'ont donné envie de m'y plonger !

Un prof de Français qui coince dans Proust, c'est comme une tapineuse qui serait allergique aux poils.

Ca annonce rien de bon.

Nanda Devi a écrit:

Un prof de Français qui coince dans Proust, c'est comme une tapineuse qui serait allergique aux poils.

Ca annonce rien de bon.

Pas d'accord. Un prof de Français qui ne fais pas l'effort de lire Proust, ok, mais on n'est pas obligé d'aimer. Même les incontournables.

EmilyNow a écrit:

Sinon, j'ai eu un très bon prof de comparé à la fac qui m'a fait aimer Le maître et Marguerite de Boulagakov. C'était pas gagné car je n'aime pas trop la littérature russe et ce type de roman! Finalement j'ai pris du plaisir et quand il nous a passé le film, c'était géant!

Ah les cours de M. K... !

liberté a écrit:

EmilyNow a écrit:

Sinon, j'ai eu un très bon prof de comparé à la fac qui m'a fait aimer Le maître et Marguerite de Boulagakov. C'était pas gagné car je n'aime pas trop la littérature russe et ce type de roman! Finalement j'ai pris du plaisir et quand il nous a passé le film, c'était géant!

Ah les cours de M. K... !

Yes!

FLAUBERT ... que j' ai vraiment " découvert" dernièrement.
et du côté des classiques ... Les orateurs grecs ... merci MME G ....


ps: VOTE ANTALYA FOR PRESIDENT

Ben je n'ai vu M. K qu'une fois et il ne m'a pas laissé un souvenir impérissable. D'abord parce que tous les ans, Tonio Kröger et le maître et Marguerite sont au programme...Ça fait bientôt 10 ans, il pourrait renouveler le stock. Et puis, il m'a mis 11 parce que je n'avais pas la bonne édition de Boulgakov la seule fois où on s'est vu.
Je n'ai pas retenu grand chose du maître et Marguerite d'ailleurs. J'ai plus retenu les blonds aux yeux bleus dans Tonio Kröger.

Les oeuvres que je ne pensais pas apprécier ? Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil de Jean de Léry. Les Salons de Diderot.
Certaines oeuvres qui, mises au programme de l'agreg, me semblaient difficiles mais se sont révélées agréables au final (mais pas Chénier, vulgaire versificateur, dont on aurait dit, s'il avait écrit cinquante plus tard, ce que Flaubert disait de Lamartine : "Il n'a pissé que de l'eau claire").

Tristram Shandy, j'ai mis un peu de temps à aimer, le temps de comprendre un peu le délire.
Gracq aussi, je détestais au début, il m'a fallu des mois pour commencer à entrer dedans...

Quatre-vingt treize d'Hugo, je pensais que ça allait m'ennuyer ferme, à mon grand tort. J'ai adoré! La fin surtout est très belle

Crime et châtiment de Dostoïevski, génialissime! c'était un pavé alors bon... j'avais des a priori, et finlament jai adoré!

Julien a écrit:

Tristram Shandy, j'ai mis un peu de temps à aimer, le temps de comprendre un peu le délire.
Gracq aussi, je détestais au début, il m'a fallu des mois pour commencer à entrer dedans...

Bref tout programme d'agreg qui se respecte est fait d'un bouquin qu'on peut pas sentir au moins...

Les Provinciales. Un peu déconcertant au début j'ai trouvé, puis très vite je me suis laissé emporter par la plume acide de Pascal. Un très bon souvenir.

Ah Le Maître et Marguerite... Magnifique...

Sinon, pour répondre au topic : Thérèse Raquin. Un bonheur, alors que "normalement" je déteste Zola...

Définitivement, Proust. J'avais un souvenir cauchemardesque, au collège, de l'analyse logique de la phrase de la madeleine. Je m'étais juré de ne jamais lire ce mec. ET puis c'est tombé à l'agreg, avec Sodome et Gomorrhe. Grosse déprime, et puis je me suis dit : "Ben tant qu'à faire je vais le lire en entier."

Et j'ai adoré.


Par contre Paillette, pour La Démocratie, je pense que tu avais pris un peu trop de camomille.

Je n'aurais jamais pensé apprécier Si par une nuit d'hiver un voyageur d'Italo Calvino. J'étais extrêment sceptique conscernant la mise en abyme continuelle de ce roman, et l'idée d'un roman reposant sur un "procédé" ne m'enchantait guère, mais finalement, cette lecture fut d'une grande richesse!
Ou encore, la grande révélation de mon année de terminale fut Bonnefoy. Je n'adhérais pas du tout à la première lecture pendant les vacances, mais lorsque nous l'avons étudié et que je l'ai relu, j'ai vraiment apprécié. Idem pour René Char en hypokhâgne. Ces deux poètes que j'ai découvert aors que j'étais complétement hermétique à la poésie sont aujourd'hui de grandes ressources !

Je n'aurais jamais pensé aimer Céline (pas assez distingué, et puis, l'antisémitisme...). Et bien, maintenant, je fais partie du fan club. Quelle langue!