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| EOT (sur Nerval) : c'est comme ça qu'on fait, ou bien? | |
| | Auteur | Message |
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kali Niveau A
Nombre de messages : 12383 Age : 40 Localisation : Bouches-du-Rhône Emploi : professeur documentaliste Date d'inscription : 17/10/2007
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| Sujet: EOT (sur Nerval) : c'est comme ça qu'on fait, ou bien? Dim 27 Jan - 14:06 | |
| Je commence mes partiels mercredi matin, avec "explication orale de texte". C'est dans trois jours et je n'ai jamais fait ça de ma vie... Gloups! Je me suis donc entraînée, en une heure, sur un passage au pif, en essayant de faire une explication linéaire comme ça nous été conseillé. Je peux passer soit sur un extrait d' Aurélia ou Pandora de Nerval, soit sur un extrait du Rêve de Zola. Je me permet de mettre le résultat ici, en espérant des critiques constructives, aussi bien sur le fond que sur la forme (surtout la forme! dites-moi si je ne lis pas bon moment, si je ne fais pas les choses dans le bon ordre, que sais-je...). J'en appelle à votre indulgence - Citation :
Cette nuit-là, je fis un rêve qui me confirma dans ma pensée. – J’errais dans un vaste édifice composé de plusieurs salles, dont les unes étaient consacrées à l’étude, d’autres à la conversation ou aux discussions philosophiques. Je m’arrêtai avec intérêt dans une des premières, où je crus reconnaître mes anciens maîtres et mes anciens condisciples. Les leçons continuaient sur les auteurs grecs et latins, avec ce bourdonnement monotone qui semble une prière à la déesse Mnémosyne. – Je passai dans une autre salle, où avaient lieu des conférences philosophiques. J’y pris part quelque temps, puis j’en sortis pour chercher ma chambre dans une sorte d’hôtellerie aux escaliers immenses, pleins de voyageurs affairés. Je me perdis plusieurs fois dans les longs corridors, et, en traversant une des galeries centrales, je fus frappé d’un spectacle étrange. Un être d’une grandeur démesurée, – homme ou femme, je ne sais, – voltigeait péniblement au-dessus de l’espace et semblait se débattre parmi des nuages épais. Manquant d’haleine et de force, il tomba enfin au milieu de la cour obscure, accrochant et froissant ses ailes le long des toits et des balustres. Je pus le contempler un instant. Il était coloré de teintes vermeilles, et ses ailes brillaient de mille reflets changeants. Vêtu d’une robe longue à plis antiques, il ressemblait à l’Ange de la Mélancolie d’Albrecht Dürer. Je ne pus m’empêcher de pousser des cris d’effroi, qui me réveillèrent en sursaut. Gérard de Nerval, Aurélia. Folio classique, 2005. « Première partie », pp. 126-127. Introduction :- situation du passage : le narrateur vient de commencer son récit. Amoureux d’une Aurélia « perdue pour lui ». Explique l’importance du rêve dans sa vie. Vient de croiser une femme qui lui a fait penser à Aurélia => interprète cette rencontre comme l’annonce d’une mort : celle d’Aurélia ou la sienne. - passage lui-même : premier récit de rêve ; forte dimension symbolique. Comment l’expérience de ce rêve fait-elle écho aux enjeux auxquels est confronté le narrateur ? Lecture de l’extrait.Plan du texte :Récit de rêve enchâssé avec : - l.1 à l.8 : l’univers du rêve - l.9 à l.17 : la vision de l’ange funeste Commentaire : 1ère partie :- phrase introductrice : basculement net du monde réel au monde onirique : « cette nuit-là » = indication temporelle précise et réaliste + « je fis un rêve » = explicite. 2 thèmes : errance du narrateur / monde de connaissances. - errance : indication des temps verbaux. Un imparfait (« errais ») pour annoncer un procès sans début ni fin : perte des repères temporels. Puis succession de passés simples pour décrire l’action du narrateur. Alternance de verbes de mouvement et de verbes statiques : « errais » – « arrêta »i – « passai » – « pris part » (donc m’arrêtai) – « sortis ». => narrateur désoeuvré. Perdu dans un cadre démesuré : « vastes » – « plusieurs salles » – « escaliers immenses ». Narrateur seul à errer sans but : les autres sont des voyageurs « affairés ». Perte de repères physique mais aussi mentale : verbes modalisateurs : « crus » – « semble » ; + « chercher » (et non pas se diriger vers). - perdu face à quoi ? à la connaissance. « Etudes » – « conversations » – « discussions philosophiques » – « maîtres » – « condisciples » – « leçon » – « auteurs grecs et latins » – « conférences philosophiques ». + « Mnémosyne ». Perçu par le narrateur comme un « bourdonnement monotone » : thématique du rapport au langage ; langage toujours perçu comme réduisant la communication (moyen fini pour exprimer un infini du rêve). Ici : les codes sont différents et le narrateur est perdu face à ces élucubrations intellectuelles. Références à une culture académique (auteurs classiques, philo) mais également brève intrusion de la religion : « prière à la déesse ». Préfigure l’importance que revêtira l’ésotérisme et le syncrétisme religieux. 2e partie : - phrase 1 : de transition. Narrateur explicitement présenté comme perdu, dans des « corridors » et « galeries » : perdu dans le labyrinthe de la connaissance, englué, aucune voie pour s’échapper. La connaissance empêche de trouver la voie vers l’harmonie universelle. - vision allégorique : - un être ni homme ni femme : non humain, appartient donc à un autre monde. « Démesuré », « voltigeant », « ailes », « Ange » : ange céleste. Rêve = moyen d’entrer en contact avec les habitants du monde céleste. - être en proie à un combat : « se débattre parmi des nuages épais ». Ne trouve pas la voie, coincé dans ce monde de connaissances théoriques. Résultat : se retrouve dans une « cour obscure ». Lieu clos = pas d’échappatoire + pas de lumière pour le guider. - en souffrance : « péniblement », « débattre », « manquant d’haleine et de force », « tomba », « s’accrochant », « froissant ». - « je le contemplai un instant » = oxymore. Perte des repères temporels, rêve = dimension aux règles différentes. - être digne d’être admiré : « contemplai » - « brillaient de mille reflets ». - mais ! annonciateur d’un événement funeste. « teintes vermeilles » = rouge de la mort et donc confirmation de l’interprétation de la rencontre de la femme la veille => écho à la première phrase de l’extrait. - les reflets sont « changeants » : encore une fois, pas de repères pour le narrateur. - références culturelles : « robes à plis antiques » + tableau de Dürer. => le narrateur n’arrive pas à se détacher du monde intellectuel auquel il appartient et qui signe sa perte. - tableau de Dürer : sombre. Achève de dresser un tableau angoissant de cette vision. - dernière phrase : narrateur empli d’effroi. Phrase de conclusion qui ferme la boucle du rêve : « réveillèrent ». « Je ne pus m’empêcher de » : le narrateur n’a toujours aucune emprise sur ses actes, aucune liberté. Il subit. Conclusion :Texte symbolique ; ange = personnification des angoisses et difficultés du narrateur. Narrateur dans le doute, désoeuvré et en souffrance ; pourquoi ? à cause du monde des connaissances dans lequel il évolue et qui l’empêche de trouver la voie vers une forme de salut. La mort prévaut et le narrateur n’a aucune autonomie face au déroulement des événements. Texte relativement hermétique ; écho sera fait dans la « seconde partie » d’Aurélia, où le narrateur comprendra qu’il lui vaudra préférer la mystique et l’ésotérisme pour tendre à la reconstitution de l’harmonie universelle (« l’arbre de science n’est pas l’arbre de la vie ! »). | |
| | | Pandore_a V.I.P
Nombre de messages : 6226 Age : 40 Emploi : Prof Date d'inscription : 02/09/2005
| Sujet: Re: EOT (sur Nerval) : c'est comme ça qu'on fait, ou bien? Dim 27 Jan - 14:29 | |
| Je trouve quand dans l'ensemble ce n'est pas trop mal pour une première ET!
Tes défauts sont ceux que l'on a tous au début.
Je te conseillerais d'être plus précise dans la formulation de ta problématique (quels enjeux?), d'éviter l'effet de "catalogue" lorsque tu cites (parle de champ lexical, choisis les mots les plus pertinents), la paraphrase. Appuie toi bien sur des éléments du texte. Par exemple, à la fin de ta seconde partie, montre que "me" est COD du verbe conjugué et donc "objet". Il est effectivement impuissant! Au début de cette même partie, tu peux t'appuyer également sur la syntaxe, et n'oublie pas de bien préciser ce que tu entends par "harmonie universelle" par exemple.
Soigne également ta transition entre la première et la seconde partie : essaye de résumer ce que tu viens de dire en une phrase, en vérifiant qu'elle répond bien à ta problématique. Annonce ensuite ta deuxième partie. | |
| | | kali Niveau A
Nombre de messages : 12383 Age : 40 Localisation : Bouches-du-Rhône Emploi : professeur documentaliste Date d'inscription : 17/10/2007
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| Sujet: Re: EOT (sur Nerval) : c'est comme ça qu'on fait, ou bien? Dim 27 Jan - 14:37 | |
| Merci beaucoup Pandore_a (la bien nommée pour le coup )! Je voyais bien que ma problématique était trop bidon... quel que soit le contexte, on est toujours fâchées elle et moi! Merci pour l'analyse du "me", je n'avais pas pensé à me rattacher à la grammaire! J'essaierai de ne pas non plus oublier la transition entre les parties le jour J. Comme tu parles de champ lexical, j'en profite pour poser une qestion : à quel moment parle-t-on plutôt d'isotopie? En tout cas, merci pour tes précieux conseils. | |
| | | k-ro V.I.P
Nombre de messages : 22066 Localisation : Bureau des gaffes en gros Emploi : Héros sans emploi Date d'inscription : 15/09/2006
| Sujet: Re: EOT (sur Nerval) : c'est comme ça qu'on fait, ou bien? Dim 27 Jan - 14:39 | |
| Il n'est pas anodin que Mnémosyne soit la déesse de la mémoire et la mère des neuf Muses. Vu que cette première partie du texte s'articule autour de la connaissance académique, antique, son évocation a une portée symbolique forte. Je suis tout à fait d'accord avec ce que tu dis du syncrétisme. J'ai l'impression que la connaissance, les références culturelles sont en fait un voile entre le narrateur et ses angoisses. A la rigueur, il n'est pas si perdu que ça, puisqu'il connaît ces références qui le rassurent. J'interprête le "bourdonnement" comme quelque chose de rassurant, d'apaisant parce que connu. Le "j'y pris part" va dans ce sens, je trouve. Bref, cette première partie prépare la seconde : le narrateur est plongé dans un univers dans lequel il se retrouve : "je m'arrêtai avec intérêt", "je crus reconnaître" => on est entre le connu, rassurant, et l'inconnu, suggéré par l'emploi des modalisateurs. Cette première partie opère un glissement vers l'étrange, qui se manifeste réellement après. Dans la 2e partie, c'est clair, tu l'as dit : le narrateur se perd. Le narrateur utilise un champ lexical connoté religieusement : "contemplai" (ok pour l'oxymore : on dirait que l'instant vaut l'éternité, ici). On est aussi dans l'hyperbole, avec "grandeur démesurée", le pluriel "les toits", qui sous-entendent que les ailes sont immenses, les "couleurs vermeilles" et les "mille reflets", qui apportent la lumière (= ange de lumière?) dans l'obscurité. L'étrange réside dans le fait que ce soit une créature fantastique, géante, mais aussi dans sa chute. (= ange déchu? Lucifer signifie "lumière"... mais là, je surinterprète peut-être). La référence à Dürer => besoin pour le narrateur de se raccrocher à ce qu'il connaît. Or, ce qu'il connaît = références culturelles. Voilà, je ne sais pas si ça t'aide. (en revanche, j'ai du catalogage, si tu veux j'rigole.)Au niveau de la méthode, ça me paraît bien. Tu réponds bien à ta problématique et ta conclusion est très pertinente. Bon courage! | |
| | | kali Niveau A
Nombre de messages : 12383 Age : 40 Localisation : Bouches-du-Rhône Emploi : professeur documentaliste Date d'inscription : 17/10/2007
Précisions Vous êtes: je suis
| Sujet: Re: EOT (sur Nerval) : c'est comme ça qu'on fait, ou bien? Dim 27 Jan - 14:46 | |
| Waouh, merci K-ro!! - k-ro a écrit:
- il n'est pas si perdu que ça, puisqu'il connaît ces références qui le rassurent. J'interprête le "bourdonnement" comme quelque chose de rassurant, d'apaisant parce que connu. Le "j'y pris part" va dans ce sens, je trouve.
Je n'avais pas vu ça comme ça, mais maintenant que tu le dis, c'est en effet bien plus pertinent... Quant à Mnémosyne, j'ignorais qu'elle était aussi la mère des Muses! *note pour plus tard : se remettre à la mythologie*Je suis rassurée pour la méthode ) Si j'ai la foi et le temps, j'essaierai peut-être d'en faire une autre avec Zola... Vivement le 8 au soir, je vous le dis...J'y retourne | |
| | | k-ro V.I.P
Nombre de messages : 22066 Localisation : Bureau des gaffes en gros Emploi : Héros sans emploi Date d'inscription : 15/09/2006
| Sujet: Re: EOT (sur Nerval) : c'est comme ça qu'on fait, ou bien? Dim 27 Jan - 14:52 | |
| http://mythologica.fr/grec/mnemosyne.htm Sinon, je viens de lire ce que te dit Pandore_a sur la formulation de la problématique et je trouve qu'elle a raison. "Enjeux" est un peu vague. Bon courage, miss! | |
| | | kali Niveau A
Nombre de messages : 12383 Age : 40 Localisation : Bouches-du-Rhône Emploi : professeur documentaliste Date d'inscription : 17/10/2007
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| Sujet: Re: EOT (sur Nerval) : c'est comme ça qu'on fait, ou bien? Dim 27 Jan - 14:56 | |
| Super ce site!! Merci K-ro! Maintenant je m'en vais faire sa peau à Mimile. Heureusement que je l'aime bien! | |
| | | Pandore_a V.I.P
Nombre de messages : 6226 Age : 40 Emploi : Prof Date d'inscription : 02/09/2005
| Sujet: Re: EOT (sur Nerval) : c'est comme ça qu'on fait, ou bien? Dim 27 Jan - 14:58 | |
| L'isotopie est plus large que le champ lexical. Si tu veux, une isotopie contient plusieurs champs lexicaux. Elle s'intéresse aux "sèmes" communs (ex : animé/inaminé) entre plusieurs mots/expressions du texte.
Le champ lexical est composé quant à lui de plusieurs mots se rapportant à un même thème, à un "générique".
Tu peux en savoir plus ici : http://fr.wikipedia.org/wiki/Isotopie_(linguistique) (copie/colle l'adresse, parce que le lien ne fonctionne pas en entier)
Bravo à k-ro pour son analyse! | |
| | | kali Niveau A
Nombre de messages : 12383 Age : 40 Localisation : Bouches-du-Rhône Emploi : professeur documentaliste Date d'inscription : 17/10/2007
Précisions Vous êtes: je suis
| Sujet: Re: EOT (sur Nerval) : c'est comme ça qu'on fait, ou bien? Mer 30 Jan - 11:41 | |
| Merci pour le lien Pandore-a, même si ça reste flou pour moi... Et merci à vous deux pour vos conseils, ils ont porté leurs fruits si j'en crois les remarques de l'examinatrice ce matin | |
| | | Enola V.I.P
Nombre de messages : 12715 Age : 38 Date d'inscription : 06/09/2006
Précisions Vous êtes: prof
| Sujet: Re: EOT (sur Nerval) : c'est comme ça qu'on fait, ou bien? Mer 30 Jan - 18:31 | |
| - Citation :
- ils ont porté leurs fruits si j'en crois les remarques de l'examinatrice ce matin
bravo Kalistina! | |
| | | k-ro V.I.P
Nombre de messages : 22066 Localisation : Bureau des gaffes en gros Emploi : Héros sans emploi Date d'inscription : 15/09/2006
| Sujet: Re: EOT (sur Nerval) : c'est comme ça qu'on fait, ou bien? Mer 30 Jan - 18:41 | |
| Félicitations, miss! | |
| | | kali Niveau A
Nombre de messages : 12383 Age : 40 Localisation : Bouches-du-Rhône Emploi : professeur documentaliste Date d'inscription : 17/10/2007
Précisions Vous êtes: je suis
| Sujet: Re: EOT (sur Nerval) : c'est comme ça qu'on fait, ou bien? Mer 30 Jan - 20:33 | |
| Merci les filles! La prof de litté classique, pour l'autre oral, a l'air plus peau de vache, mais ça n'est peut-être qu'une impression. En tout cas celle de ce matin m'a redonné confiance! | |
| | | Pandore_a V.I.P
Nombre de messages : 6226 Age : 40 Emploi : Prof Date d'inscription : 02/09/2005
| Sujet: Re: EOT (sur Nerval) : c'est comme ça qu'on fait, ou bien? Mer 30 Jan - 22:45 | |
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| | | Meor V.I.P
Nombre de messages : 4070 Age : 37 Localisation : Rennes Emploi : Etudiante / Serveuse (ou presque) Etudes, Loisirs ou Autre : Lire (Obviously) - Séries - Pin-up -Fantastique... Date d'inscription : 30/03/2007
| Sujet: Re: EOT (sur Nerval) : c'est comme ça qu'on fait, ou bien? Jeu 31 Jan - 6:42 | |
| Hé félicitations ( j'ai rien dit avant moi j'sais pas faire ce genre de trucs en solo.. ) | |
| | | kali Niveau A
Nombre de messages : 12383 Age : 40 Localisation : Bouches-du-Rhône Emploi : professeur documentaliste Date d'inscription : 17/10/2007
Précisions Vous êtes: je suis
| Sujet: Re: EOT (sur Nerval) : c'est comme ça qu'on fait, ou bien? Jeu 31 Jan - 18:11 | |
| Ca fait toujours qu'un seul partiel sur 9 en même temps, ne nous emballons pas | |
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| Sujet: Re: EOT (sur Nerval) : c'est comme ça qu'on fait, ou bien? | |
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| | | | EOT (sur Nerval) : c'est comme ça qu'on fait, ou bien? | |
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